Les statues de Pierre de Fermat

Pourquoi 3 statues?

Quittons son siècle de naissance pour arriver en 1813.

L’État français, au vu du retentissement de l‘œuvre de notre mathématicien décide que ce personnage éminent mérite d’avoir une statue dans sa ville natale.

Une subvention est allouée à la commune de Beaumont-de-Lomagne, le Conseil autrefois Général aujourd’hui Départemental l’abonde, et la municipalité de l’époque vote une somme conséquente pour honorer l’enfant du pays. Et puis plus rien.

Année après année, ces finances sont reconduites mais de statue point.

A plusieurs reprises au cours du XIXè siècle, des personnes influentes, des penseurs, des poètes, des historiens, remettent le projet sur la table. En vain.

Et puis dans les années 1870, un autre mathématicien natif de Beaumont-de-Lomagne, Théodore Despeyrous, qui a été mandaté par l’État français pour rechercher les écrits perdus de notre génie, décide que l’affaire a assez duré.

Il finance de ses deniers le sculpteur Alexandre Falguières pour que celui-ci réalise, enfin, une statue en bronze à l’effigie de Pierre de Fermat. Celle-ci est inaugurée en grande pompe en 1882 en présence d’une foule d’illustres personnages réunis pour l’occasion.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Pendant la seconde guerre mondiale, en 1943, alors que chacun a pris l’habitude de voir cet enfant du pays présider le marché du samedi, les forces d’occupation mettent à bas toutes les statues existant dans le pays pour fabriquer des armes et des munitions. Notre Fermat ne fait pas exception à la règle, au grand dam de la population locale.

Mais c’est mal connaître les Beaumontois que d’imaginer qu’on en restera là.

En 1955, à l’appel de la municipalité, la population répond positivement à une demande de souscription et Fermat retrouve sa place au cœur de la bastide qui l’a vu naître.

La nouvelle sculpture est en pierre reconstituée et non en bronze, car les temps sont durs. Mais on fait contre mauvaise fortune bon cœur.

Entre temps, la réputation du mathématicien continue de grandir. En 1935, l’union astronomique internationale donne le nom de notre Fermat à un cratère lunaire.

Dans les années 1990, avec le mathématicien anglais Andrew Wiles il fait la une des journaux et revues du monde entier, lors de la démonstration de sa fameuse conjecture, qui devient enfin un théorème, après plus de 350 ans d’échecs successifs.

Et puis, en 2014, quelques mois après que la société Orange Marine ait donné le nom de notre grand homme à l’un de ses navires câbliers, à Beaumont-de-Lomagne un financement participatif est initié par la municipalité, avec l’aide de l’association Fermat Sciences, et l’appui financier du Conseil Départemental. Un nouveau Fermat en bronze remplace la statue de pierre, qui accueille désormais les visiteurs de la Maison Fermat, dans la cour arrière de celle-ci.

Pour la petite histoire, il faut savoir que, en remerciement du beau geste des nombreux donateurs, une capsule temporelle, renfermant plusieurs dizaines de noms, a été intégrée dans le corps de la nouvelle statue.

C’est une belle histoire n’est ce pas ?

Mais il y a plus émouvant encore.

Si l’on observe le socle de la statue, qui n’a pas été fondu et date de 1882, on s’aperçoit que, en plus de tous les renseignements qui y sont portés à propos de Pierre de Fermat, de sa notoriété et de son œuvre, on peut lire une mention touchante.

Le don de la statue inaugurée en 1882 est attribué à :

Despeyrous le père, professeur de mathématique à l’université de Toulouse.

Et Despeyrous, le fils unique du précédent, ancien élève de l’École polytechnique, officier d’artillerie est décédé à 23 ans en 1879, soit 3 ans avant l’inauguration de la statue.

De sorte que cette inscription, bouleversant témoignage d’amour d’un père pour son fils, fait écho aux marques d’attachement de la ville de Beaumont-de-Lomagne, pour son enfant le plus illustre.